Velléité des transports, oui, ici ce n’était pas urbain, le déplacement se perpétuait à pied et l’on gambadait sur le chemin ; point de véhicules munis de ces formes rondes qui apportent le roulement, là où l’on avait défriché pour le lendemain, pour devancer les progressions suivantes qui attendaient le long du tracé, l’avancée se parcourait de la sorte, par petits bonds, par étapes, par coupes régulières, elle s’engageait peu à peu avec prudence. On ajoutait parfois une sorte d’errance dans la ligne droite, passablement perturbée par la courbure d’un rocher qui faisait ondoyer la route dans son déploiement ; c’était tranquillement que l’on progressait, défrichant pour un cheminement obstiné ; atteindre une côte, atteindre un océan, atteindre un quelconque nirvana, quelque chose dont on rêve en grand, quelques idées que l’on garde du voyage, par petits pas s’en venant, l’avancée se poursuivait paisiblement. Avez-vous vu ces pareils accoutrements déboussoler le moindre voyageur quelque peu délicat qui, dans un nivellement, s’écroule maladroit, à cause de sa dernière foulée ; il avançait si gaillardement qu’une enjambée de travers lui échappa… Cette aventure n’était pas coutumière à ces endroits que l’on avait déflorés, elle innovait vers de nouveaux attraits des au-delàs dont on ne savait ce qu’ils apporteraient, et bien voilà ! maintenant, vous savez, c’est ici et bien là ! Aucun préjudice sinon quelques traits, des coupes transversales sur des formes, arabesques ligneuses démunies, que l’on brisa pour la route pour qu’elle soit unie ; nul embarras ne les interroge en somme dans cet avancement, les hommes ; sans le comprendre peut-être, ils perpétuent les premiers déplacements du vivant, devenu au fil du temps, son premier principe : « trouver le chemin ! Et si on ne le trouve pas, l’inventer en défrichant ! »
Ce récit se trouve dans le volume 1. « İl », peregrinatio, peregrinari : 53. [v L] (histoire du mouvement), au plus loin des maisonnées ***, extrait des narrations réunies sous le vocable « İpanadrega »…